Pour le Dr Richard Frognier, pneumologue, somnologue et responsable de l’unité du sommeil à la Clinique Saint-Luc Bouge, les problèmes de sommeil sont beaucoup trop banalisés. A ses yeux, le « mal dormir » est un réel problème de santé publique. A titre d’exemple, 30% des enfants sont en dette de sommeil, 15% des adultes sont insomniaques… et ce n’est pas sans conséquence sur leur santé physique et mentale.

A la Clinique Saint-Luc Bouge, le Laboratoire du sommeil tourne à plein régime : chaque nuit, les sept lits de polysomnographie sont occupés. Si l’on y ajoute les enregistrements réalisés au domicile des patients, on dépasse les 50 enregistrements par semaine, ce à quoi vient se greffer une importante activité de consultation.

La médecine du sommeil, une médecine à part entière

« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la médecine du sommeil est une médecine à part entière », martèle le Dr Frognier. « Initialement, les maladies du sommeil étaient prises en charge en fonction de la sensibilité du médecin et de sa spécialité, en l’occurrence la pneumologie, la psychiatrie ou la neurologie. »

« Aujourd’hui, on sait que le sommeil est une étape importante de notre existence où se déroulent des processus physiologiques indispensables à la vie, tant chez l’enfant que chez l’adulte. Dès lors, le ‘mal dormir’ devient un réel problème de santé publique, au même titre que l’obésité, les maladies cardiovasculaires, … », souligne le somnologue.

Mais pas de spécialité reconnue

Toutefois, dans notre pays, la somnologie n’est pas encore une spécialité reconnue en tant que telle, c’est une médecine à la frontière de la cardiologie, de la pneumologie, de la neurologie, de la psychiatrie, de l’endocrinologie, …  Le médecin intéressé par les maladies du sommeil doit simplement fournir la preuve qu’il a suivi un cursus en somnologie et qu’il a une compétence dans ce domaine d’activité.

« Et c’est précisément ce qui complique les choses », relève le somnologue. « Si vous êtes pneumologue, par exemple, vous avez, du fait de votre formation initiale, une moins grande sensibilité pour la pathologie psychiatrique. D’où toute l’importance de travailler en équipe pluridisciplinaire. Ceci permet d’aller plus loin dans la prise en charge du patient et d’apporter une réponse personnalisée à son trouble du sommeil. »

Un labo du sommeil multidisciplinaire

C’est précisément sur cette multidisciplinarité que s’est développé et continue à se développer le Laboratoire du sommeil de la Clinique SLBO. « Du lundi au vendredi, nous travaillons avec une équipe de somnologie multidisciplinaire (médecins, infirmières, psychologues, …). Le week-end est plutôt réservé à des enregistrements administratifs pour obtenir notamment certaines autorisations de traitement », détaille le Dr Frognier.

Et d’ajouter : « La politique du service est ainsi de voir les gens en consultation pré-polysomnographie afin de préciser leurs problèmes de sommeil et d’avoir déjà une idée diagnostique avant de demander – si on le juge nécessaire – un examen de sommeil (polysomnographique ou autre). Le lendemain de l’examen, vers 10h, les résultats des examens réalisés la nuit sont discutés en équipe avant de se rendre au chevet du patient pour lui communiquer les résultats et proposer une prise en charge adaptée. »

En effet, en plus du volet diagnostique, une prise en charge multidisciplinaire des troubles du sommeil est également proposée à la Clinique SLBO, avec l’engagement tout récemment d’un quatrième psychologue au Laboratoire du sommeil pour faire face à la demande sans cesse croissante.

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