Le développement rapide de nouveaux traitements oncologiques a eu pour effet l’amélioration de la survie des patients oncologiques, mais aussi dans certains cas une exposition à une toxicité du système cardiovasculaire. À la Clinique Saint-Luc Bouge, le Dr Hussein Tourmous, cardiologue, ayant obtenu sa reconnaissance en cardio-oncologie à l’Université de Marseille, a mis sur pied une consultation dédiée à cette problématique.

Le cardio-oncologue travaille main dans la main avec les oncologues, et ce, avant de débuter les traitements avec cardiotoxicité pour évaluer le risque cardiovasculaire du patient, pendant certains traitements qui requièrent une surveillance cardiologique rapprochée et enfin, encore des années après les traitements qui peuvent entraîner des complications cardiovasculaires à long terme.

Traitements oncologiques et cardiotoxicité

Si les traitements oncologiques sont de plus en plus performants, ils induisent aussi parfois une cardiotoxicité. « Par le passé, nous avons eu des chimiothérapies qui étaient très agressives. Puis, il y a eu des thérapies ciblées comme l’Herceptine®, très efficace contre le cancer du sein, mais nécessitant tous les trois mois une écho cardiaque de contrôle pour suivre la fraction d’éjection », rapporte le Dr Tourmous. « Si la fraction d’éjection est inférieure à 40 %, on stoppe l’Herceptine® transitoirement le temps de la récupération de la fonction, puis on le reprend sous protection d’un traitement par bêta-bloquant et IEC. »

Et de poursuivre : « Aujourd’hui, on assiste au boom de l’immunothérapie avec hélas toute une série de complications cardiaques possibles pendant le traitement : arythmies, myocardite (assez rare – 0.5 à 1% mais avec une mortalité de 50%), péricardite souvent en début du traitement, … La bonne nouvelle, c’est que lorsque l’on arrête le traitement, les patients récupèrent généralement. Ce n’est pas le cas avec tous les traitements. Par exemple, avec les anthracyclines (beaucoup utilisées dans les lymphomes, le cancer du sein, …), les complications cardiaques sont irréversibles à moins d’intervenir précocement. »

Traitements préventifs

En outre, le cardio-oncologue relève que l’on met désormais en route des traitements préventifs pour empêcher la cardiotoxicité de certains traitements : « Par exemple, pour les anthracyclines, si l’on remarque des anomalies à l’écho cardiaque ou une élévation de la troponine à la bio, chez des patients asymptomatiques, on peut prescrire un bêta-bloquant et un IEC ».

Maintenant, il y a aussi les patients à risque cardiovasculaire très élevé, chez qui un traitement préventif s’impose : « Chez ces patients hypertendus, on préférera un IEC à un anticalcique par exemple », ajoute Hussein Tourmous.

Le rôle du médecin généraliste essentiel dans le suivi à long terme

« Tant que le patient est sous traitement oncologique à l’hôpital, il est suivi de près par les différents spécialistes. Toutefois, c’est parfois après de nombreuses années que les complications interviennent et c’est là que le médecin généraliste a un rôle capital à jouer, déjà pour optimaliser le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire (surpoids, HTA, diabète, tabagisme, …), d’autant plus qu’il sait qu’en ayant reçu un tel traitement, son patient risque de développer tel ou tel effet secondaire à long terme », souligne le Dr Tourmous.

« Chez ces patients guéris de leur cancer, le généraliste doit toujours être à l’affût de signes de cardiotoxicité tardive tels qu’insuffisance cardiaque, angor, bradycardie, … Sans oublier les patients qui ont subi une radiothérapie au niveau du sein gauche ou pour un lymphome, par exemple, qui peuvent développer des problèmes au niveau des artères coronaires ou carotides, des valves ou du péricarde de longues années après le la fin du traitement. Le médecin généraliste est donc le garant du suivi attentif de son patient sur ce plan pour le reste de sa vie », conclut l’onco-cardiologue.

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