19.05.2023 : Journée mondiale des MICI

Tout ce que vous devez savoir sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont des affections qui affectent environ 30 000 personnes en Belgique. Ces conditions, bien que parfois très handicapantes au quotidien, sont de mieux en mieux contrôlées et prises en charge.

Qu’est-ce que les MICI ?

Les maladies inflammatoires de l’intestin, ou MICI, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif. Cette inflammation entraîne une perturbation du système immunitaire qui attaque les cellules saines, créant ainsi un cercle vicieux d’inflammation. Les deux formes les plus courantes de MICI sont la maladie de Crohn, qui affecte l’ensemble du système digestif, et la rectocolite hémorragique (ou colite ulcéreuse), qui affecte le gros intestin. Elles se manifestent par des périodes de crise suivies de périodes de rémission plus ou moins longues.

Douleurs abdominales et articulaires, diarrhées parfois sanglantes, fatigue extrême, besoin pressant… Pendant les périodes de crise, les MICI altèrent considérablement la qualité de vie des personnes atteintes. Cependant, cela n’est pas toujours bien compris par leur entourage. Pourquoi ? Parce que ces maladies concernent l’intestin et donc la matière fécale, un sujet encore très tabou dans notre société. Souvent, les MICI entraînent un mal-être important, voire une dépression. De nombreux patients n’osent pas parler de leur maladie, par honte ou gêne. Pourtant, les MICI touchent de plus en plus de personnes, y compris les enfants. Des formes pédiatriques existent et leur fréquence semble également augmenter. Mais comment expliquer leur apparition, parfois soudaine ? « Plusieurs facteurs de risque sont suspectés, notamment des facteurs génétiques et environnementaux », explique le Dr Isabelle Bueres Dominguez, gastro-entérologue à la Clinique Saint Luc de Bouge. Il existe clairement un gradient Nord-Sud, c’est-à-dire que ces maladies sont beaucoup plus fréquentes dans les pays industrialisés. On constate d’ailleurs que leur fréquence augmente très rapidement dans les pays en voie d’industrialisation, ce qui laisse suspecter un rôle de l’environnement, et en particulier de la pollution. L’alimentation pourrait également être en cause. Mais aucun aliment n’a été associé aux MICI jusqu’à présent. En revanche, le tabagisme est un facteur de risque avéré pour la maladie de Crohn, bien qu’il protège paradoxalement contre la rectocolite hémorragique. Enfin, notre flore intestinale (le microbiote) semble jouer un rôle important dans le déclenchement de ces pathologies. Les facteurs externes tels que le tabac et les polluants, ainsi que les facteurs génétiques, semblent modifier l’équilibre de cette flore et favoriser l’apparition d’une inflammation du tube digestif.

Des traitements de plus en plus efficaces

Bien que les MICI ne soient pas encore guérissables, les traitements actuels permettent de mieux contrôler les poussées inflammatoires et d’offrir une meilleure qualité de vie aux patients. De nombreuses études ont permis de mieux comprendre ces maladies et les mécanismes liés à l’inflammation, ouvrant ainsi de nouvelles pistes à explorer, notamment en ce qui concerne l’influence du microbiote. « De nombreux nouveaux médicaments ont été développés, et d’autres arrivent encore dans notre arsenal thérapeutique », rassure le Dr Bueres Dominguez. Il existe des médicaments administrés par perfusion à l’hôpital de jour tous les 2 mois, des traitements sous forme de stylos auto-injectables que le patient peut utiliser chez lui, ainsi que des comprimés. Le choix du type de traitement ne dépend pas uniquement de la forme d’administration, car les principes actifs agissent à différents niveaux de la cascade inflammatoire. Il est basé sur le type de maladie digestive, les éventuelles atteintes extradigestives, les antécédents du patient et ses préférences.

Une prise en charge personnalisée

Aujourd’hui, les MICI sont prises en charge de manière multidisciplinaire, car elles sont souvent associées à d’autres pathologies telles que les maladies cutanées (psoriasis) et articulaires (spondylarthrite). C’est cette approche multidisciplinaire qui fait la force et le succès du traitement. À la Clinique Saint Luc de Bouge, l’objectif des équipes médicales est d’offrir aux patients une prise en charge personnalisée, humaine et la moins contraignante possible afin de leur garantir une vie presque normale. Parfois, un traitement médical doit être complété par une intervention chirurgicale, comme l’explique le Dr Bueres Dominguez. « La chirurgie ne guérit pas les patients, mais elle est parfois nécessaire pour traiter une complication ou en cas d’échec du traitement médical. Ensuite, nous suivons nos patients conjointement. Cette surveillance étroite après la chirurgie permet de limiter les récidives, d’ajuster éventuellement le traitement et de contrôler l’absence de complications. La prévention et l’amélioration de l’hygiène de vie font également partie intégrante de la prise en charge : par exemple, nous envoyons régulièrement nos patients en consultation de nutrition ou chez le tabacologue. Nous restons un hôpital à taille humaine, et nous sommes donc toujours disponibles par téléphone ou par e-mail pour répondre rapidement aux préoccupations de nos patients. En effet, dans les MICI, une complication ou un effet secondaire doit souvent être pris en charge rapidement. »

Comment reconnaître une MICI ?

Si vous présentez les symptômes suivants, il est possible que vous souffriez d’une MICI ou qu’un de vos proches en soit atteint :

  • Douleurs et crampes abdominales fréquentes et d’intensité variable, avec un pic après les repas.
  • Diarrhée chronique (qui dure plus de 2 semaines).
  • Présence de sang dans les selles.
  • Fatigue inexpliquée.
  • Perte de poids.

Si vous pensez souffrir d’une MICI ou que l’un de vos proches en souffre, prenez rendez-vous avec votre médecin. Une prise de sang peut être effectuée pour détecter un taux élevé de CRP (protéine C réactive), une substance produite par l’organisme en cas d’inflammation.

Les MICI en chiffres en Belgique

Environ 30 000 personnes sont touchées par les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, avec environ 2/3 de cas de maladie de Crohn et 1/3 de cas de rectocolite ulcéro-hémorragique. Rapporté à la population générale, cela représente environ 1 cas sur 360 habitants. Au niveau européen, ces maladies touchent environ 3 millions de personnes, et au niveau mondial, environ 10 millions. Chaque année, on recense encore 500 nouveaux cas de maladie de Crohn et 350 nouveaux cas de colite ulcéreuse dans notre pays.

Faciliter l’accès aux toilettes

L’un des symptômes les plus courants et les plus handicapants des MICI est le besoin urgent d’aller aux toilettes. Cependant, il n’est pas toujours possible de trouver des toilettes publiques accessibles lorsque vous êtes à l’extérieur. Pour vous aider à localiser des toilettes publiques ou accessibles, il existe des applications spécifiques que vous pouvez télécharger sur votre smartphone. Malheureusement, les personnes atteintes de MICI se voient souvent refuser l’accès aux toilettes. Pour changer cela, les associations de patients (Association Crohn-RCUH, Takeda et CCV-vzw) ont mis en place le « pass-toilette ». Cette carte atteste que vous souffrez d’une MICI et que vous devez avoir accès à toutes les toilettes. Vous pouvez demander cette carte via le site www.mici.be.

N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec nos équipes médicales pour obtenir une prise en charge adaptée à votre situation.

Partager sur :